Dès l’ouverture des portes de l’unique bureau de vote de la ville, l’équipe municipale comprend que ce n’est pas un scrutin comme les autres : « toute la matinée, il y a eu la queue, sans discontinu ». 25 minutes d’attente en moyenne. Les électeurs se sont déplacés massivement pour participer au premier tour des présidentielles. Certes, le beau temps encourage à venir tôt pour pouvoir profiter de l’après-midi particulièrement ensoleillée qui s’annonce, mais la fréquentation se maintient au fil des heures, et les Nogaroliens confirment la participation record de ces élections avec 86,19% de votants contre 83,78% au niveau national.
Cet intérêt pour le scrutin continue après la fermeture du vote à 18 h et le dépouillement est suivi par une foule de plus en plus nombreuse au fil des minutes. Il faut 4 tables de 4 personnes pour dépouiller les 1188 bulletins de la commune. A 18h17, les premiers bulletins sont distribués aux tables de dépouillement et dès 18h31 la première estimation de vote sur les 200 premiers bulletins dépouillés est envoyée directement à la SOFRES par Daniel Daubagua, l’un des enquêteurs dépêchés un peu partout en France dans les bureaux test, car significatifs des résultats attendus dans leur zone géographique.
Pendant que les petites mains s’activent sur les bulletins de Nogaro, des observateurs convergent des bureaux de vote des communes voisines, plus petites et donc plus rapides. Chacun échange résultats et pronostics pendant que l’ancrage PS de la commune se confirme de minute en minute. À 18h50, le passage d’Élisabeth Mitterand, conseillère régionale, mais surtout maire du petit village de Sion, apporte son étrange résultat, avec une participation de 94, 44% des habitants, mais surtout un inexplicable Jean-Marie Le Pen en seconde position avec 18,07% et un Nicolas Sarkozy relégué en quatrième position avec moins de 15% des suffrages. Petite anomalie statistique locale.
À 19h08, devant une bonne centaine d’observateurs venus de tout le canton, Bernard Chaubell, responsable de la police municipale, inscrit les résultats sur un tableau noir d’école, dans un silence respectueux et bruissant d’impatience. Quelques commentaires, puis chacun rentre chez soi, pressé de dîner et de connaître la sanction nationale.