de gauche à droite : Patrick Farbos, technicien CPR, Michel Defrancès, président de l’Association des Vins du Sud-Ouest, Christophe Gibon, Directeur de la DDAF du Gers, Jean-Paul Sempé, président de la CPR, Philippe Laà¯us, Directeur Général CPR, M. Racine Expert Comptable pour la CPR.
Le 21 janvier, la cave des Producteurs Réunis de Nogaro, sur les Hauts de Montrouge a tenu son assemblée générale portant sur l’exercice 2006-2007, clôt le 31 juillet dernier. L’occasion de faire le point sur une « annus horribilis » pour les vignes et tenter de tracer des perspectives pour une filière viticole à la croisée des chemins.
D’un point de vue purement comptable, l’exercice 2006-207 a été des plus satisfaisant, avec un chiffre d’affaires en progression de 8% pour un volume de 6 659 K€. Le stock d’armagnac au 31 juillet est de 3 179 hl d’A.P. (Alcool Pur), celui de vin, vendu et retiré depuis était de 26 939 hl. L’exercice se caractérise par un repli appuyé de l’investissement et une année calamiteuse pour la production. Après des années d’investissements techniques soutenus, la cave est à présent techniquement performante et les investissements se sont concentrés autour de l’aménagement des cuves de 2000 hl et de l’achat d’un osmoseur, permettant à la cave de produire enfin son eau distillée et de ne plus s’approvisionner à l’extérieur.
Une année calamiteuse
Le millésime 2007 a subi des caprices météorologiques constants : pluie, gel, vent, grêle puis une pénurie d’eau en fin de cycle qui a mis à mal les rendements des cépages les plus résistants. Pris par un gel tardif, beaucoup de bourgeons ne sont pas sortis et le temps humide a favorisé l’apparition du Mildiou qui a rapidement colonisé les grappes malgré des traitements rapides et énergiques. Au final, beaucoup de travail et de soucis pour des vignobles qui ont produit 38% de récolte en moins au niveau de la cave. Et les prix catastrophiques enregistrés lors de la mise en marché de cette récolte n’ont pas permis de se remonter un peu le moral. La bonne nouvelle, c’est que le déficit de production sur ce millésime a été mondial et que la qualité des produits obtenus est satisfaisante, ce qui permet aujourd’hui de positionner ces vins à des prix encourageants.
L’encépagement de la cave poursuit sa restructuration vers des vignobles plus adaptés à la demande et aux contraintes de production. La progression des Sauvignon-Chardonnay se confirme tandis que le Colombard se maintient et que l’Ugni blanc régresse. Ce retrait de l’Ugni blanc accompagne la transformation annoncée des VDT (vins de table), mais ce cépage sera concentré sur la production d’eau de vie.
Points forts et solides fondamentaux!
D’un point de vue commercial, les Hauts de Montrouge ont obtenu le renouvellement de la certification ISO 9001 pour la 4e année consécutive et ont surtout décroché pour la première fois la très enviée IFS, qui ouvre grand les portes de la grande distribution internationale. D’ailleurs, la cave et sa filiale de commercialisation, la CPG (Compagnie de Produits de Gascogne) ont vu leur chiffre d’affaires produits conditionnés conquérir de nouveaux marchés à l’export, notamment vers les pays de l’Est (avec le vaste marché Russe, très friand d’Armagnac!) et l’Asie.
La qualité des produits est en progression constante et s’est vue récompensée par deux médailles d’or sur un nouveau produit très prometteur, la Blanche de Montal, médaillée au Concours Général Agricole de Paris et au Concours d’Éauze!
Enfin, 2008 sera l’année de l’ouverture à la clientèle sur site, avec une réfection complète des peintures des bâtiments, dans les tonalités de la terre et de la vigne, dans un ensemble cohérent et plus accueillant. Un effort plus particulier va être fait sur l’accueil du tourisme d’entreprise, avec l’ouverture d’une large baie vitrée mettant en scène les alambics de la cave, l’aménagement d’un espace commercial accueillant et adapté et la modification harmonieuse des rives de l’ancienne nationale 124, avec une signalétique forte et un nouveau rond point qui sécurisera l’accès à la cave et devrait stratégiquement ralentir le flux des véhicules!
Ce que nous réserve l’Europe
Très attendue, l’intervention de Michel Defrancès, président de l’Association des Vins du Sud-Ouest, apporte un éclairage sur ce qui se trame à Bruxelles quant à l’avenir de la filière viticole.
L’OCM (Organisation Commune du Marché viticole) signée le 17 décembre dernier à Bruxelles marque, de fait, la fin des vins de pays au profit de vins de table standardisés, totalement détachés du territoire.
L’OCM viticole commence dès le premier août 2008 avec les mesures de soutien à l’arrachage et marque la fin de l’existant comme dans le cas de la PAC céréalière. L’aide à la distillation préventive doit disparaître progressivement sur 4 ans, tout comme l’aide à la distillation de crise. Seule enveloppe maintenue l’aide à la distillation des sous-produits (qui permet limiter la pollution), mais est restreinte aux transports et aux frais de distillation des sous-produits sous condition que les alcools n’aillent pas sur le marché de bouche. Le taux d’enrichissement au saccharose passe de 2 ° à 1,5 °.
Quant à l’enveloppe pour la promotion des produits, essentielle en ces temps de nécessaire conquête des marchés, elle est purement et simplement supprimée.
L’enveloppe consacrée à l’arrachage concerne 175 000 ha et est gravée dans le marbre. Les États membres peuvent abonder et stopper l’arrachage s’il atteint 8% des surfaces.
Valse des étiquettes
Le 1er août 2009, c’est-à -dire demain, voit la fin programmée des VDP au profit des VDT avec cépage et millésime sur l’étiquette. À la place des VDP, il sera possible d’opter pour la famille des IG (indications géographiques) : reste à définir des entités territoriales fortes et évocatrices.
À ce niveau, la réponse appartient à l’interprofession et aux organisations de producteurs pour un projet collectif qui permettrait la création d’une filière Gascogne.
Enfin, entre 2015 et 2018, la commission imposera la fin des droits de plantation.
L’OCM de décembre 2007 marque l’entrée de l’Europe dans un monde viticole mondialisé qui va transformer totalement la filière viticole française et locale. De par son organisation concentrée autour de 6 grandes coopératives, le bassin du Comté Tolosan a déjà effectué une partie de ma mutation nécessaire pour s’adapter aux nouvelles règles du jeu. Aujourd’hui, les vins de Gascogne sont ceux qui sortent mieux leur épingle du jeu dans un contexte économique dégradé où même le bordelais perd des parts de marché. 58% des vignes et 70% de la production est commercialisée dans le Gers par des caves coopératives. C’est ce qui fait notre force au cœur du futur grand bassin de production viticole du grand Sud-Ouest de la France.
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