Intéressante initiative que celle d’André Gunthert, historien, chercheur à  l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste d’études visuelles : lire la campagne présidentielle sur les murs.


Panneaux électoraux de la salle d’animation : seule une affiche pend, comme arrachée par le vent

Plutôt que de décrypter les affiches de campagne des différents candidats, exercice assez vain selon lui, il a décidé « de les considérer du point de vue de leur réception, comme un support d’expression politique. Chacun sait que les affiches politiques suscitent des réactions variées et souvent vives, en particulier dans le contexte très personnalisé de l’élection présidentielle ». Autrement dit, comment le passant utilise les affiches pour y inscrire sa propre opinion.


Devant la mairie, un motif un peu plus élaboré.

À travers son site internet, « Recherches en histoire visuelle« , en appelant les internautes à  envoyer des clichés de leurs panneaux de campagne, André Gunthert se livre à  « un petit divertissement sociologique ».

Les affiches de Nogaro

Afin de participer à  la petite étude, nous avons décidé d’envoyer les clichés des panneaux d’affichage de Nogaro, tels qu’ils étaient dimanche 15 avril, en fin de journée. Première déception, les Nogaroliens se sont peu intéressés au fait de laisser leur marque.

André Gunthert commente :


Comme sur l’ensemble de la commune, les affiches sont restées globalement intactes : les tagueurs étaient-ils en vacances de printemps?

« Pas de tags ni de commentaires, comme on peut les observer couramment en région parisienne, juste quelques lacérations. (…)Et pourtant, même dans ce registre minimal, l’essentiel apparaît. Sur deux groupes de panneaux, les seules affiches à  avoir fait l’objet de lacérations significatives sont celles de Le Pen et Sarkozy. Sur l’ensemble des images qui me sont parvenues, ce traitement particulier semble bien être une constante. Le déchiquetage en forme de croix gammée est particulièrement remarquable, je n’avais pas encore vu ce cas, qui a demandé une application certaine. Sur le dernier groupe, la leçon est encore plus claire: deux dilacérations en forme de croix appliquées de façon similaire aux affiches Le Pen et Sarkozy, la première plus grande que la seconde. Comment mieux décrire l’impression produite par le candidat de l’UMP sur une partie de la population, d’être un Le Pen en réduction? Malgré – ou peut-être à  cause de – son caractère spontané et immédiat, ce mode d’expression s’avère d’une efficacité redoutable. Notons enfin la connotation de violence qu’il véhicule: les lacérations ont été effectuées à  grands coups de couteau. Traduction euphémisée: qui sème le vent récolte la tempête. Quoiqu’il en soit des résultats du premier tour, ce premier échantillon de réactions apporte déjà  des enseignements précieux. »

Comme quoi, des choses aussi banales que des coups de canif sur une affiche racontent une autre histoire de campagne.

Pour participer à  l’expérience