A l’heure où l’Assemblée Nationale a voté une nouvelle loi sur le statut des assistantes maternelles, il est intéressant de se pencher sur la politique de la petite enfance dans notre pays en général et sur notre secteur en particulier.

Au delà  de la professionnalisation d’une profession presque exclusivement féminine, la question de la politique de la petite enfance pose crûment celle de l’égalité hommes-femmes, appelée de tous ses vœux par le chef de l’Etat. On ne peut effectivement envisager une amélioration du sort des femmes dans le monde du travail si l’on fait l’impasse sur les modes de gardes des jeunes enfants (mais aussi des personnes âgées dépendantes !). En l’absence d’une gestion volontaire de ces problèmes, la garde des enfants et des personnes âgées échoit presque systématiquement aux femmes en âge de travailler et hypothèque de facto leur espérance d’évoluer et de s’insérer durablement dans le monde du travail.

Loin d’être un phénomène marginal, l’accueil des enfants de moins de 3 ans concerne 2,2 millions de bambins en France. Et selon toutes les prévisions, les besoins en garde d’enfant vont aller croissant. Entre les départs en retraite et les besoins liés au travail des femmes, ce sont plusieurs centaines de milliers d’assistantes maternelles qui devront être désormais formées et recrutées d’ici 2010. Dans ce cadre, on comprend mieux la nécessité d’une nouvelle loi qui encadre la professionnalisation et le contrôle de cette activité, pour la rendre à  la fois plus attractive pour les candidats et plus rassurante pour les parents.

Une offre de services très localisée

Si la politique de la petite enfance en France est l’une des plus performantes du monde, elle n’en reste pas moins très améliorable. Dans ses recommandations de février 2003, le HCPF (Haut Conseil de la Population et de la Famille), insistait sur 4 points faibles :

  • réduire les inégalités territoriales très marquées au niveau de l’offre de modes de prise en charge des jeunes enfants. La gestion étant confié aux collectivités locales, les disparités sont très fortes.
  • Moduler les prestations en fonctions des besoins et des moyens des familles. La mise en place d’une prestation générale unique du jeune enfant a creusé les inégalités d’accès aux prestations d’accueil en ne tenant pas compte des ressources. Le recours aux assistantes maternelles, privilégié en raison de son faible coût pour la collectivité, est proportionnellement plus coûteux pour les familles modestes qui voient leur effort financier modulé dans le cadre d’un accueil collectif comme dans les crèches.
  • Professionnaliser les métiers de la petite enfance. Cette recommandation vient donc d’être suivie des faits grâce à  la nouvelle loi. Encourager les jeunes hommes à  suivre cette voie permettrait aussi de déféminiser ce type de profession. Effectivement, une profession féminisée est souvent une profession mal valorisée, avec des conditions de travail et des salaires médiocres.
  • Faciliter la période post-natale. Le congé maternité post-natal gagnerait à  être allongé de quelques semaines en France, afin de faciliter le retour au travail des jeunes mères (sevrage, recherche d’un mode de garde adapté). De la même manière, les jeunes mères sortant de plus en plus rapidement de la maternité, doivent être mieux suivies, plus entourées par divers intervenants professionnels afin de faciliter la prise de contact avec le nouveau né.

Une question cruciale pour le développement local

Toute la difficulté d’une prise en charge rationnelle et adaptée de la petite enfance repose sur la localisation des décideurs et intervenants. Chaque département décide de sa politique en fonction de divers impératifs, souvent plus économiques que liés aux besoins réels.

Pourtant, les enjeux sont de taille.

Le taux d’accès au travail des femmes ainsi que le dynamisme économique et démographique local dépendent fortement de la qualité de la politique de la petite enfance décidée et pratiquée dans chaque bassin de population. Dans un département vieillissant comme le Gers, cette simple question peut contribuer à  fixer les jeunes ménages ou à  les inciter à  rejoindre la grande ville. Une offre de garde inadaptée aux besoins peut décourager les jeunes couples à  avoir des enfants ou limiter leur fécondité. Or, le Gers a un besoin vital de ses jeunes et de nouvelles générations !