Allons, il faut bien l’avouer : lorsque Le Petit Théâtre Spirale a programmé La Salamandre, un spectacle musical et vocal, il était facile de douter du succès de la démarche. Car il fallait être sacrément gonflé pour proposer une œuvre aussi pointue, voire aussi peu amène dans un petit village perdu au fin fond du Far West gersois. Il est toujours tentant de trouver mieux à  faire que de passer 50 minutes à  suivre une pièce contemporaine sur le rejet et l’exclusion. Sur la médiocrité humaine aussi. Il est plus facile de se dire que ce genre de chose devrait se cantonner à  un public averti, urbain, voire branché, un tantinet snob, se dit-on, avec une pointe d’ironie. Et l’on peut alors rester en toute bonne conscience collé devant son téléviseur.

Et c’est bien parce que l’on a tendance à  aller à  ce genre d’exhibition à  reculon, qu’il est important d’oser la culture.

Il suffit finalement d’y aller sans préjugés, de ne rien attendre de particulier, d’embrayer sa curiosité au passage et de juste se laisser porter.


La performance artistique, ou comment jouer la métamorphose de l’être avec son seul corps comme instrument.

La Salamandre est une histoire courte et intense, l’adaptation d’une nouvelle de l’Espagnole Mercé Rodoreda. C’est un récit incroyablement moderne et accessible sur les passions dévorantes, amoureuses ou haineuses. L’histoire de toutes les stigmatisations : la femme libre, la femme passionnée inspire la crainte et le rejet. « Bruja » : et la voilà  bruja, la sorcière en espagnol, le permis de haà¯r, le permis de détruire.


Patricia Capdevielle, actrice et chanteuse à  la compagnie de l’Hamadryade, a illuminé de son talent la soirée mensuelle du Petit Théâtre Spirale, le 24 février dernier.

Décor minimaliste, musique hypnotique directement improvisée en scène, Patricia Capdevielle investit la scène avec sa douleur, sa peur et nous fait partager le destin tragique de celle à  qui l’on jette des pierres.
La quarantaine de spectateurs qui a fait le déplacement samedi soir dernier jusqu’à  Arblade-le-Bas a offert un triomphe à  l’actrice chanteuse et son complice musicien. Et ils ont tous confirmé qu’il fallait absolument oser la culture!