une population à  faibles revenus face à  un habitat ancien et délabré : le logement dans le Gers est un cocktail explosif.

Il y a des chiffres qui claquent comme des gifles quand on en prend connaissance : alors que la moyenne nationale permet d’estimer le nombre de logements indignes autour de 12% du parc (ce qui est déjà  énorme, quand on sait que l’on parle de logements insalubres ou ne présentant pas les garanties minimum de confort moderne), le Gers se distingue avec une estimation de 18% de son parc immobilier. Ces habitats qui ne devraient pas être utilisés sont aussi bien constitués de vieux immeubles dégradés de centre-ville, comme il en reste des îlots sur Auch qu’en zone rurale, avec un habitat ancien dispersé.

Essentiellement un problème de pauvreté


Philippe Bret, du CAUE, soutient le logement écologique à  faible consommation énergétique.

Comme l’expliquait Philippe Bret, du CAUE (Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement) du Gers à  la réunion de la Communauté de Communes du Bas-Armagnac du 26 juin dernier, cette situation consternante a des racines historiques et sociales profondes : « Depuis 1870, le Gers a subi un important exode rural, ce qui a considérablement limité les besoins en production de logements neufs. On peut même dire que pendant 150 ans, le logement n’a pas été une préoccupation dans le Gers. Mais depuis 10 ans, l’inversion des flux migratoires, avec l’arrivée des néoruraux, a soudain alimenté une demande forte en logements modernes, alors même que la paupérisation galopante des propriétaires gersois (avec une forte proportion de retraités agricoles pauvres) ne permet pas d’effort supplémentaire dans la réhabilitation d’un parc ancien et mal adapté. »

Cette pénurie de logements décents face à  une demande grandissante débouche sur une inflation des prix du parc locatif, laquelle conduit à  une situation absurde où l’offre de logements ne peut satisfaire la demande des locataires locaux.

Michel Uhlmann, représentant la DDE et l’ANAH (Agence Nationale d’Amélioration de l’Habitat) a détaillé le plan concerté des administrations locales et des services de l’État en faveur du logement social : « Il faut rappeler que si 60% de la population française est éligible aux HLM, car percevant moins de 1 200 €/mois pour une personne seule, ce taux est de 80% dans le Gers, soit 8 personnes sur 10 dont les revenus sont sous le plafond HLM ».

Le Bas-Armagnac ouvre son point logement


Les élus de la Communauté de Communes du Bas-Armagnac planchent sur la dramatique situation du parc locatif de leur secteur.

Face à  la pénurie de logements locatifs, les élus locaux se mobilisent. De nombreuses communes du Bas-Armagnac ont lancé des projets de lotissement sur lesquels elles développent du bâti neuf à  vocation sociale, dont de nombreux lots en voie d’achèvement, malgré certains délais administratifs incompressibles.

Afin de favoriser la rencontre entre locataires et bailleurs privés, le Bas-Armagnac a lancé un point logement où tous les acteurs concernés peuvent gratuitement déposer leurs offres ou leurs demandes. Cette centralisation permet d’accompagner les nouveaux arrivants, les personnes en recherche de logement, mais apporte aussi conseils et expertises diverses aux propriétaires souhaitant se lancer dans la réhabilitation de leur logement ou dans le locatif.

Cependant, le constat reste toujours le même : beaucoup plus de demandes que d’offres, et un marché locatif inadapté au niveau de vie de notre secteur. En effet, il est bon de rappeler que le revenu salarial annuel moyen en 2003 (Insee – revenus 2003) dans le Gers est de 13 500 € (un peu au-dessus du SMIC), contre 15 100 € pour la région Midi-Pyrénées et une moyenne de 16 100 € pour la France, ce qui nous place parmi les départements les moins riches de France. Ces données de l’INSEE sont encore plus saisissantes si on compare avec les revenus de 1999 (Insee – revenus 1999), où les Gersois bénéficiaient encore d’un revenu moyen de 15 000 €, soit une régression de 1 500 € en seulement quatre ans.